Pollution plastique : RASTOMA et BASS-PROTOMAR au front à Campo

Sous l’égide du RASTOMA, l’association BASS-PROTOMAR a mené du 11 au 13 mai 2023, une campagne de sensibilisation et de nettoyage des plages impliquant deux écoles primaires de l’arrondissement de Campo. 

Engagé dans une lutte ouverte contre la pollution plastique depuis quelques années, le Réseau des acteurs et professionnels de la sauvegarde des tortues marines (RASTOMA) ne compte pas lâcher prise. A sa suite, l’association « BASS-PROTOMAR », entendez « Bureau d’assistance et services pour la protection des tortues marines » a pris la mesure des enjeux socio-environnementaux de cet engagement antiplastique qui profite à la biodiversité marine en général et aux tortues marines en particulier. C’est tout le sens de la campagne d’éducation environnementale et de sensibilisation aux conséquences de la pollution plastique qui s’est tenue du 11 au 13 mai 2023 dans l’arrondissement de Campo, sous l’égide du RASTOMA et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pendant trois jours, l’équipe de BASS-PROTOMAR que dirige Adolphe II Idjabe s’est rendue tour à tour à l’école catholique du Sacré-cœur de Campo et à l’école publique de Campo-ville. Deux établissements pour un évangile qui tient en une formule : la « Rastom’attitude ». Il s’agit de la contraction de « RASTOMA » et « Attitude », pour désigner le fait de tenir loin de l’océan tout déchet plastique. « L’activité qu’organise aujourd’hui RASTOMA avec son partenaire BASS-PROTOMAR, à plus d’un titre, est un exercice qui permet aux enfants de pouvoir toucher du doigt la réalité sur les déchets plastiques qui essaiment nos plages. Après des cours de sciences ou d’éducation environnementales dans les établissements scolaires pilotes tels que l’école publique de Campo-ville et l’école catholique du Sacré-Cœur de Campo pour ne citer que celles-là, nous avons décidé de passer à une phase pratique qui est la collecte des déchets plastiques le long de nos plages », a indiqué Adolphe II Idjabe, avant de fouler d’un pas ferme, la plage jouxtant le mirador du 11e Bataillon des fusiliers marins (BAFUMAR) et la résidence du Maire de Campo.

Les enfants : entre jeu et enjeu

Par petits groupes et en un clin d’œil, la cinquantaine d’enfants que conduisait Adolphe Idjabe a pris d’assaut les abords de cette plage qui s’étend à perte de vue. Leur unique besogne : ramasser sur une distance d’environ un kilomètre, tous les déchets qu’ils trouvent sur leur passage. Canettes de bière et bouteilles plastiques passent ainsi à la trappe et finissent chez « Hysacam », référence à l’entreprise en charge de l’hygiène et de la salubrité du Cameroun, dont ces élèves attribuent le sigle à chacun des détenteurs du sac dans lequel ils stockent les déchets collectés. Adolphe II Idjabe les évaluent à environ 10 kg.

A l’évidence, cette séance de nettoyage est un jeu d’enfants ou alors, un jeu pour enfants. C’est en tout cas le but poursuivi par le RASTOMA : joindre l’utile à l’agréable et avec ces jeunes âmes, faire que le jeu se confonde à l’enjeu.

Dix gestes pour l’océan

Dans chacune des classes ciblées, BASS-PROTOMAR a opté pour la même approche : choisir des élèves chargés de lire à voix haute chacun des gestes à adopter afin d’éloigner les déchets plastiques de notre maison commune. Puis, intervient un jeu de questions-réponses. Des applaudissements se multiplient pour encourager ceux qui participent et se distinguent par la qualité de leurs interventions. A l’observation, les enfants sont d’excellents récepteurs de la « Rastom’attitude ». Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils passeront le message à leurs parents et à leurs amis.

Pour passer le message et permettre aux enfants de rester en éveil, le RASTOMA et son partenaire BASS-PROTOMAR ne se sont pas limités aux paroles et à la parade sur la plage. A juste titre. Les écrits, parce qu’ils « restent » comme on a coutume de le dire, font également sens en matière d’éducation environnementale. C’est ce qui justifie la distribution aux élèves de ces deux écoles, d’une centaine de guides simplifiés présentant les « Dix gestes pour l’océan » en français et en anglais.

Sensibilisation communautaire : Bokombé dit « Non ! » à la pollution

Après les temples du savoir que sont les écoles, BASS-PROTOMAR a effectué une descente de terrain au village Bokombé Centre où vivent les Iyasa, riverains de l’océan. Les échanges entre l’équipe couplée RASTOMA-BASS-PROTOMAR et la population ont eu lieu au domicile de Claude Mbouya, le chef de cette communauté. Ils ont porté sur les méfaits des déchets plastiques et l’importance pour les habitants du village d’appliquer les dix gestes écoresponsables pour l’océan. Ceci, pour la santé et le confort des tortues marines qui partagent avec les riverains leurs habitats naturels. Mais aussi, pour la qualité des poissons consommés par les populations en général. La santé de tous avant tout…

Le chef de la communauté n’a pas caché sa satisfaction d’associer son peuple à cette lutte contre l’ennemi plastique. « La présence du plastique sur la plage me met tellement mal à l’aise. Tout comme ma population, je suis très fier de la présence de BASS-PROTOMAR qui est venu appuyer et insister sur les bienfondés de l’absence du plastique dans mon rayon d’action. Et je remercie beaucoup cette association », a-t-il déclaré. Chacune de ces opérations d’éducation environnementale et de médiation communautaire a été clôturée par une action symbolique : la fixation au sol d’un panneau de sensibilisation présentant les « Dix gestes pour l’océan ». Avec l’appui du RASTOMA, BASS-PROTOMAR en a fixé trois,respectivementà proximité de l’école catholique du Sacré-cœur de Campo, au milieu du village Bokombé Centre et au cœur du quartier administratif de la ville. Une approche de communication par l’image qui ne manque pas de pertinence, étant donné que ces panneaux se trouvent aux entrées des pistes qui mènent à la plage. Elle s’inscrit et donne corps, précisons-le, au programme « Littoral Zéro Plastique » conçu par le RASTOMA afin de réduire l’impact de la pollution plastique sur les tortues marines et le côtier marin. Fort opportunément, la communauté éducative et les populations locales de Campo se sont montrées ouvertes et disposées au changement d’attitude vis-à-vis de l’océan. Puisqu’il en est ainsi, pourquoi le RASTOMA et ses OSC partenaires s’arrêteraient-il en si bon chemin ?