Zoom sur les activités communautaires des membres du RASTOMA

Il est essentiel d’associer des approches communautaires aux projets de conservation des tortues marines. Pour aider les membres à multiplier ces approches qui garantissent la durabilité et l’acceptation des projets de conservation, le RASTOMA a entamé le recensement des différentes approches communautaires pratiquées par ses membres en Afrique Centrale.
A cette fin, le RASTOMA a récemment conçu un questionnaire qu’il a adressé à ses membres et nous présentons ci dessous les premiers résultats.

La diversité des approches présentées est destinée à servir de source d’inspiration pour tous les projets désireux d’engager les communautés dans leur dynamique de conservation, car il s’agit de la seule perpective viable sur le long terme.

Nous mettons également à disposition une liste de contacts, recensant les experts terrains et les différentes expertises disponibles en matière d’AGR dans le réseau RASTOMA, en Afrique centrale et ailleurs. Ces ressources constituent donc une boite à outils au service des ONG membres du réseau pour promouvoir le développement des AGR et des approches durables construites avec les communautés côtières.

Quatre structures membres du réseau présents dans deux pays ont répondu au questionnaire. Il s’agit de Tube Awu, AMMCO et ACBM au Cameroun et de ACODES en République Démocratique du Congo. Ces activités communautaires ont été réalisées dans les projets de protection de l’environnement en général et des espèces marines en particuliers allant de 2017 à 2019. 

Les différentes communautés impliquées dans les activités communautaires sont les Batoke, Idenau, Iyassa-Ndowe, Bakoko, Batanga, Bassa, Nigerians, Ghaneens, Fang, Mabea aux Cameroun et les communautés Banana, Muanda, Nsiamfumu et Tshiende en RDC. Le nombre de personnes impliquées va de moins de 100 à plus de 500 et le principal stade d’implication est lors de l’implémentation des projets pour les structures du Cameroun et lors de la rédaction, de la mise en œuvre et du suivi et évaluation des projets pour la RDC.

Les principales approches communautaires réalisées par les structures membre du RASTOMA sont : 

  1. La formation et le recrutement des pêcheurs pour la réalisation des patrouilles des plages de ponte des tortues marins : Au total 53 pêcheurs ont reçu un renforcement de capacités et des équipements. Ils effectuent des patrouilles nocturnes et matinales, transplantent des œufs de tortues marines et remplissent les fiches de collecte des données.
  2. La formation et le recrutement des habitants côtiers pour le suivi des débarcadères : au total 07 personnes dont 4 femmes et 3 hommes surveillent les ports d’accostage des pirogues artisanales et enquêtent au niveau des étalages de vente des produits halieutiques pour voir si les œufs et la viande des tortues peuvent s’y retrouver comme marchandise.
  3. La pêche responsable : le long des côtes camerounaises, environ 150 pêcheurs ont été sensibilisés sur les techniques de pêches durable pour réduire la surpêche et accroître les revenus des pêcheurs.
  4. L’écotourisme : Plus de 25 personnes choisies parmi les habitants locaux ont été formées comme Eco-guides touristiques. Cette activité est très lucrative et a permis d’améliorer les revenus de plusieurs familles.
  5. L’exploitation des produits de forêt non ligneux (PFNL) : 20 femmes issue de la communauté Iyassa au Cameroun ont été formées et accompagnéessur les techniques de production de Coprah. Désormais, elles achètent des noix de coco à bas prix auprès de la communauté, puis les transforment en huile de coco qu’elles revendent en réalisant une bonne plus-value et elles augmentent ainsi leurs revenus.
  6. Cinquante pêcheurs ont été formés et accompagnés dans la production du mieldans la commune de Dizangue dans le but de réduire la surpêche et les captures accidentelles.
  7. Desfumoirs améliorésont été construit dans la zone de Kribi pour réduire la pression de coupe de bois des mangroves.
  8. Un projet d’héliculture(l’élevage des escargots) a été mis en place pour réduire la pression du braconnage des tortues marines et créer de nouvelles de sources de protéines alternatives.
  9. L’agriculture durable: les femmes agricultrice ont bénéficié des ateliers de renforcement de capacité sur la culture de certaines denrées notamment le manioc, la banane plantain et le maïs. Elles ont également bénéficié d’un approvisionnement en semences améliorées fournies par l’Institut pour la Recherche Agricole et le Développement (IRAD) de la région du Sud-Ouest Cameroun.

Pour réduire les menaces auxquelles font face les espèces marines et pour consolider l’implication des communautés dans les projets de conservation, RASTOMA est ses membres recommandent le développement d’activités génératrices de revenus et de ressources dans les zones rurales où sont menés les actions de conservation. 

Afin que les communautés appréhende davantage les activités des projets de conservation, pour obtenir leur adhésion, et pour proposer des activités réellement profitables et adaptées aux contextes locaux, RASTOMA recommande en outre d’impliquer des communautés locales dans la conception et le choix des AGR, dès l’étape de montage du projet. 

A Ebodje au Sud Cameroun, l’ONG TUBE AWU implique les communautés locales en développant des AGR telles que : 

  • L’agriculture durable : à travers le renforcement des capacités des populations et la fourniture des semences améliorées, le rendement agricole augmente et, par conséquent, les revenus.
  • La valorisation des produits forestier non ligneux (PFNL) : les habitant fabriquent de l’huile de coco à partir des noix de coco récoltées dans le village.

A Dizangue, au Cameroun, l’ONG AMMCO accompagne les populations en développant divers AGR comme :

  • L’apiculture (la production du miel) : les pêcheurs de Dizangue ont été formé et accompagné dans la production du miel
  • La fabrication du savon : une association de femmes rurale a été sélectionnée et formée dans la fabrication du savon que celles-ci revendent sur le marché local.